samedi 26 novembre 2016

Ferme la porte derrière moi, je m'en vais (Закрой за мной дверь, я ухожу)

[Ecouter ICI.]
Ferme la porte derrière moi, je m'en vais


Ils disent qu'ils ne peuvent pas prendre de risques
Parce qu'ils ont une maison et que la lumière y brille.
Et je ne sais pas exactement qui de nous a raison,
Dans la rue, c'est la pluie qui m'attend ; c'est un déjeuner qui les attend à la maison.

Ferme la porte derrière moi, je m'en vais.
Ferme la porte derrière moi, je m'en vais.

Si soudain ta douce lumière finit par t'ennuyer,
Il y aura de la place pour toi chez nous : il y a assez de pluie pour tout le monde.
Regarde l'horloge, regarde le portrait au mur,
Tends l'oreille : là-bas, à la fenêtre, tu entendras notre rire.

Ferme la porte derrière moi, je m'en vais.
Ferme la porte derrière moi, je m'en vais.



Закрой за мной дверь, я ухожу


Они говорят: им нельзя рисковать,
Потому что у них есть дом, в доме горит свет.
И я не знаю точно, кто из нас прав,
Меня ждет на улице дождь, их ждет дома обед.

Закрой за мной дверь. Я ухожу.
Закрой за мной дверь. Я ухожу.

И если тебе вдруг наскучит твой ласковый свет,
Тебе найдется место у нас, дождя хватит на всех.
Посмотри на часы, Посмотри на портрет на стене,
Прислушайся - там, за окном, ты услышишь наш смех.

Закрой за мной дверь. Я ухожу.
Закрой за мной дверь. Я ухожу...


Une chanson sans paroles (Песня без слов)



[Ecouter la chanson ICI.]

Une chanson sans paroles
Une chanson sans paroles, une nuit sans sommeil,
Tout arrive en son temps, l'hiver et le printemps.
A chaque étoile, son morceau de ciel,
A chaque mer, sa gorgée de pluie.
A chaque pomme, un endroit où tomber, [1]
A chaque voleur, la possibilité de voler.
A chaque chien, un bâton et un os,
A chaque loup, des dents et la méchanceté

De nouveau, un jour blanc aux fenêtres,
Le jour m'appelle à la bataille.
Je sens, en fermant les yeux,
Le monde entier me faire la guerre.

S'il y a un troupeau, il y a un berger
S'il y a un corps, il doit y avoir un esprit
S'il y a un pas, il doit y avoir une trace
S'il y a l'obscurité, il doit y avoir la lumière
Est-ce que tu veux changer ce monde ?
Sauras-tu l'accepter tel qu'il est ?
Te lever et sortir du rang
T'asseoir sur la chaise électrique ou sur un trône ?

De nouveau, un jour blanc aux fenêtres,
Le jour m'appelle à la bataille.
Je sens, en fermant les yeux,
Le monde entier me faire la guerre.

[1] Un proverbe russe dit : la pomme ne tombe pas loin du pommier (équivalent de "tel père, tel fils").


Règle zéro du Fight Club : ne pas dormir plus qu'il ne faut afin de préserver la négativité quotidienne.


Песня без слов

Песня без слов, ночь без сна, 
Все в свое время - зима и весна, 
Каждой звезде - свой неба кусок, 
Каждому морю - дождя глоток. 
Каждому яблоку - место упасть, 
Каждому вору - возможность украсть, 
Каждой собаке - палку и кость, 
И каждому волку - зубы и злость. 

Снова за окнами белый день, 
День вызывает меня на бой. 
Я чувствую, закрывая глаза, - 
Весь мир идет на меня войной 

Если есть стадо - есть пастух, 
Если есть тело - должен быть дух, 
Если есть шаг - должен быть след, 
Если есть тьма - должен быть свет. 
Хочешь ли ты изменить этот мир, 
Сможешь ли ты принять, как есть, 
Встать и выйти из ряда вон, 
Сесть на электрический стул или трон? 

Снова за окнами белый день, 
День вызывает меня на бой. 
Я чувствую, закрывая глаза, - 
Весь мир идет на меня войной

lundi 31 octobre 2016

Notre mère, c'est l'anarchie (Мама - анархия)

La première édition de cette chanson a dû être présentée comme une parodie des groupes 
punk-rock occidentaux afin d'obtenir l'autorisation du Ministère de la culture en raison de la 
censure sévère à laquelle étaient soumises toutes les publications de disques 
sans exception. Ecouter (et regarder) ICI.

Notre mère, c'est l'anarchie
Un soldat, en rentrant à la maison
A vu ces types dans la rue. Qui est votre mère, les gars ? Leur a demandé le soldat.
Notre mère, c'est l'anarchie
Notre père, c'est un verre de piquette
Notre mère, c'est l'anarchie Notre père, c'est un verre de piquette Ils sont tous en manteaux de cuir, Ils sont tous de petite taille, Le soldat voulait les contourner Mais ce n'était pas une mince affaire. Notre mère, c'est l'anarchie Notre père, c'est un verre de piquette Notre mère, c'est l'anarchie Notre père, c'est un verre de piquette C'est un joyeux tour Que les gars ont joué au soldat Ils l'ont peint en rouge et bleu Et l'ont forcé à parler en mat (1) Notre mère, c'est l'anarchie Notre père, c'est un verre de piquette Notre mère, c'est l'anarchie Notre père, c'est un verre de piquette (1) Le mat est (мат) désigne la langue "non-normative", une façon de parler argotique, grossière et obscène, basée sur un vocabulaire spécifique, utilisée en Russie et dans d'autres communautés slaves. Son usage en public et dans les médias est puni (théoriquement) d'amende. Pour un grand voyage parmi les tabous : ICI.

"Tous les punks ne sont pas des merdeux."
Мама анархия Солдат шёл по улице домой И увидел этих ребят, Спросил у ребят солдат. Кто ваша мама, ребята, - Мама - анархия, Папа - стакан портвейна. Мама - анархия, Папа - стакан портвейна. Все они в кожаных куртках, Все небольшого роста, Хотел солдат пройти мимо, Но это было не просто. Мама - анархия, Папа - стакан портвейна. Мама - анархия, Папа - стакан портвейна. Довольно весёлую шутку сыграли С солдатом ребята, Раскрасили красным и синим И заставляли ругаться матом. Мама - анархия, Папа - стакан портвейна. Мама - анархия, Папа - стакан портвейна.

lundi 24 octobre 2016

Cette étoile qu'on appelle Soleil (Звезда по имени Солнце)

La chanson "Cette étoile qu'on appelle Soleil", qui ouvre le film "l'Aiguille", est l'une des plus célèbres du groupe Kino. Elle occupe la douzième place du classement des auditeurs de Nashe Radio. J'en avais fait il y a fort longtemps un sous-titrage, qui contient malheureusement des erreurs de novice en traduction comme la plupart des vidéos de ma chaîne Youtube : vous pouvez écouter la chanson (et avoir un avant-goût du film) ICI.



Cette étoile qu'on appelle Soleil


La neige est blanche, la glace est grise
Sur une terre toute crevassée,
Et en couverture de guenilles
Trône la ville aux chemins emmêlés.
Les nuages voguent au-dessus d'elle
En lui voilant la lueur du ciel.
Sur la ville flotte une fumée dorée,
Elle qui depuis deux mille ans veille,
Et vit sous la lumière de cette étoile qu'on appelle Soleil.

C'est la guerre depuis deux millénaires,
Une guerre sans raison particulière.
Pour les jeunes, c'est une bonne affaire :
Un bon remède contre les rides.
Le sang colore le sol de rouge vif :
Après une heure, la terre est déjà nue,
Après deux y repoussent les fleurs et la verdure,
Après trois, déjà elle se réveille
Réchauffée par les rayons de cette étoile qu'on appelle Soleil.

On sait qu'il en a toujours été ainsi,
Que le destin préfère celui-ci
Qui vit selon d'autres lois
Et qui jeune encore devra mourir.
Il a oublié le mot "oui" et le mot "non",
Ne se souvient ni des rangs ni des noms,
Il est capable d'atteindre les étoiles
Sans considérer qu'il s'agit d'un rêve
Et de tomber consumé par cette étoile qu'on appelle Soleil.


"Tsoï est mort, Icarus est éternel" (Autobus de la même marque que celui que la voiture de Viktor a embrassé en sens inverse le jour de sa mort. Icarus, Icare... Si, si.) 

Звезда по имени Солнце

Белый снег, серый лед
На растрескавшейся земле
Одеялом лоскутным на ней
Город в дорожной петле
А над городом плывут облака
Закрывая небесный свет
А над городом желтый дым
Городу две тысячи лет
Прожитых под светом звезды по имени Солнце

И две тысячи лет война -
Война без особых причин
Война - дело молодых
Лекарство против морщин
Красная-красная кровь
Через час уже просто земля
Через два на ней цветы и трава
Через три она снова жива
И согрета лучами звезды по имени Солнце

И мы знаем, что так было всегда
Что судьбою был больше любим, -
Кто живет по законам другим
И кому умирать молодым
Он не помнит слова "Да" и слова "Нет"
Он не помнит ни чинов ни имен
И способен дотянуться до звезд
Не считая что это сон
И упасть опаленный звездой по имени Солнце

dimanche 23 octobre 2016

On a vu la nuit (Видели ночь)

[Ecouter ICI les immortelles impressions de la jeunesse décrite dans ce morceau devenu tube des bars moscovites.] 

On a vu la nuit

On est sortis de la maison
Quand à toutes les fenêtres
Les feux se sont éteints,
L'un après l'autre,
On a vu partir
Le dernier métro.
Les taxis circulent,
Mais on n'a pas de quoi payer
Et pas de raison d'y aller,
On se promène seuls,
Dans notre magnétophone
La bande s'est terminée, rembobine.

On a vu la nuit,
On s'est promenés toute la nuit jusqu'au matin. (x4)


Entre dans une cabine téléphonique,

Demande qu'on ferme la porte

Dans ton appartement,

Enlève tes chaussures,
On va marcher pieds nus.
Il y a des cigarettes, des allumettes,
Et une bouteille de vin,
Elle nous aidera à attendre,
Elle nous aidera à croire
Que tout le monde dort
Et que nous sommes seuls ici tous les deux. (1)
On a vu la nuit,
On s'est promenés toute la nuit jusqu'au matin... (x4)


(1) Sex & Pérestroïka, film français modérément érotique tourné en 1990 (auteurs : François Leroi et François Jouffa) donne un aperçu de la vie et de la relation à la sexualité (et à l'ouverture du premier Mac Donald's) à la veille du démantèlement de l'Union soviétique. Le film est excellent, à la fois passionnant et poétique d'une manière qui lui est propre, mais interdit aux mineurs (il contient des gens nus, ce qui est très sale). La scène des jeunes mariés et de leur première nuit de noces en appartement communautaire (коммуналка) donne un relief particulier à cette bouteille de vin qui "nous aidera à croire / Que tout le monde dort / Et que nous sommes seuls ici tous les deux".
 

On s'est promenés toute la nuit après douze verres de vodka au raifort du Kamtchatka avant de s'arrêter au Mac Do, et la file d'attente a duré jusqu'au matin et jusqu'à la nuit suivante. Alors on a cherché une recette de vodka au raifort sur Recette de Famille : ICI.



Видели ночь


Мы вышли из дома,
Когда во всех окнах
Погасли огни,
Один за одним,
Мы видели, как уезжал
Последний трамвай.
Ездят такси,
Но нам нечем платить,
И нам незачем ехать,
Мы гуляем одни,
На нашем кассетнике
Кончилась пленка, смотай.

Видели ночь,
Гуляли всю ночь до утра. (x4)

Зайди в телефонную будку,
Скажи, чтоб закрыли дверь
В квартире твоей,
Сними свою обувь -
Мы будем ходить босиком.
Есть сигареты, спички,
Бутылка вина, и она
Поможет нам ждать,
Поможет поверить,
Что все спят,
И мы здесь вдвоем.

Видели ночь,
Гуляли всю ночь
До утра... (x4)

samedi 22 octobre 2016

De la pluie pour nous (Дождь для нас)


[Ecouter la chanson ICI.]


De la pluie pour nous

Dans ma maison, on ne voit pas les murs,
Dans mon ciel, on ne voit pas la lune.
Je suis aveugle, mais je te vois,
Je suis sourd, mais je t'entends.
Je ne dors pas mais je rêve,
Ce n'est pas de ma faute,
Je suis muet, mais tu m'entends,
Et c'est ce qui nous rend forts.

Et la nuit revient encore,
Je suis ivre mais j'entends la pluie,
De la pluie pour nous...
L'appartement est vide, mais nous y sommes,
Il n'y a pas grand-chose ici, mais il y a nous.
De la pluie pour nous...

Tu vois mon étoile,
Tu crois que je vais y aller [me mettre en route],
Je suis aveugle, je ne vois pas les étoiles,
Je suis ivre mais je me souviens de mon poste.
Tu regardes la Voie lactée,
Je suis la nuit et tu es le matin,
Je suis un mythe, mais toi tu ne l'es pas, (1)
Je suis aveugle, mais je vois la lumière.

Et la nuit revient encore,
Je suis ivre mais j'entends la pluie,
De la pluie pour nous...
L'appartement est vide, mais nous y sommes,
Il n'y a pas grand-chose ici, mais il y a nous.
De la pluie pour nous...



(1) Pour le mot миф (que je traduis effrontément par "mythe"), mon dictionnaire donne les définitions suivantes : I) Légende populaire antique concernant les dieux, les héros légendaires, l'origine du monde et des phénomènes naturels ; II) Récit invraisemblable ; mensonge, invention, fiction.



Viktor et Marianna Igorevna, mère de leur fils Alexandre, pendant un concours des cheveux les mieux entretenus. Séparation pluvieuse (peut-être sans divorce) en 1987.


Дождь для нас

В моем доме не видно стены,

В моем небе не видно луны.
Я слеп, но я вижу тебя,
Я глух, но с слышу тебя.
Я не сплю, но я вижу сны,
Здесь нет моей вины,
Я нем, но ты слышишь меня,
И этим мы сильны.

И снова приходит ночь,
Я пьян, но я слышу дождь,
Дождь для нас...
Квартира пуста, но мы здесь,
Здесь мало, что есть, но мы есть.
Дождь для нас...
Ты видишь мою звезду,
Ты веришь, что я пойду.
Я слеп, я не вижу звезд,
Я пьян, но я помню свой пост.
Ты смотришь на Млечный Путь,
Я - ночь, а ты - утра суть.
Я - миф, а ты нет,
Я слеп, но я вижу свет.

И снова приходит ночь,
Я пьян, но я слышу дождь,
Дождь для нас...
Квартира пуста, но мы здесь,
Здесь мало, что есть, но мы есть.
Дождь для нас...

vendredi 21 octobre 2016

Dernier héros (Последный герой)

[Ecouter la chanson ICI (version de l'album "Le chef du Kamtchatka", pour lequel j'ai une affection particulière) ou ICI (version plus récente de l'album "Dernier héros", enregistré et diffusé en France en 1989 sous le nom "le Dernier des héros". Cette chanson occupe la place 22 dans le classement des auditeurs de Nashe Radio. A ne pas confondre avec les chansons homonymes de Bi-2 ICI et de 7B ICI, ou encore "Je ne suis pas le dernier héros" de Noga Svela ICI.]


Dernier héros

La nuit est courte, le but est loin
La nuit, tu as tellement envie de boire
Tu vas dans la cuisine, mais l'eau y est amère
Tu ne peux pas dormir ici, tu ne veux pas vivre ici

Bon matin,
Dernier héros !
Bon matin
A toi et à celui qui est comme toi.
Bon matin,
Dernier héros !
Bonjour,
Dernier héros !

Tu voulais être seul, ça t'est vite passé
Tu voulais être seul, mais tu n'as pas pu rester seul
Ton fardeau est léger, mais ta main s'engourdit
Et tu joues au crétin jusqu'à l'aube (1) 

Bon matin,
Dernier héros !
Bon matin
A toi et à celui qui est comme toi.
Bon matin,
Dernier héros !
Bonjour,
Dernier héros !

Le matin, tu t'efforces de partir vite
La sonnerie du téléphone est comme un ordre : en avant !
Tu pars là où tu ne veux pas aller (2)
Tu y vas, mais personne ne t'y attend

Bon matin,
Dernier héros !
Bon matin
A toi et à celui qui est comme toi.
Bon matin,
Dernier héros !
Bonjour,
Dernier héros !

(1) Le jeu du crétin, ou "dourak", est un jeu de cartes originaire de Russie dans lequel l'objectif est de se débarrasser de toutes ses cartes pour ne pas devenir le "crétin" (comme les jeux du Pouilleux ou du Président) qui se coltine tout le deck alors que le gagnant a les mains pleines de vide. Voir une version des règles en français ICI ou jouer sur ce site ICI.

(2) Sur l'endroit où tu ne veux pas aller, voir la chanson "Le train électrique" (Электричка).


Démotivateur : "Raconte-leur combien le travail au bureau t'a fatigué aujourd'hui."


Последный герой

Ночь коротка, цель далека,
Ночью так часто хочется пить,
Ты выходишь на кухню, но вода здесь горька,
Ты не можешь сдесь спать, ты не хочешь здесь жить

Доброе утро! 
Последний герой
Доброе утро!
Тебе и таким как ты,
Доброе утро! 
Последний герой
Здравствуй!
Последний герой

Ты хотел быть один это быстро прошло,
Ты хотел быть один, но не смог быть один,
Твоя ноша легка, но немеет рука,
И ты встречаешь рассвет за игрой в "дурака"

Доброе утро! 
Последний герой
Доброе утро!
Тебе и таким как ты,
Доброе утро! 
Последний герой
Здравствуй!
Последний герой

Утром ты стремишься скорее уйти,


Телефонный звонок как команда - Вперед!
Ты уходишь туда куда не хочешь идти,
Ты уходишь туда, но тебя там ни кто не ждет

Доброе утро! 
Последний герой
Доброе утро!
Тебе и таким как ты,
Доброе утро! 
Последний герой
Здравствуй!
Последний герой

Moscou ne me plaît pas (Мне не нравится город Москва)


[Ecouter ICI les "Premiers enregistrements" du groupe "Garine et les Hyperboloïdes, nom que portait le groupe Kino à sa création, avant le départ de Valinski pour l'armée. Ou écouter ICI cette chanson.]

Moscou ne me plaît pas


La ville de Moscou ne me plaît pas.

C'est Léningrad qui me plaît.
Nous sommes [tous deux] des fruits qui ont mûris tôt
Et ça signifie qu'on nous mangera en premier.

J'aime quand il y a de quoi boire,
J'aime quand il y a de quoi manger,
Je suis plein de mon propre jus,
N'as-tu pas envie de me manger ?

Je suis content si je me sens bien,
Je suis méchant [ou : colère] si je me sens mal,
Je vomis si je bois trop,
Ça fait dix ans que je vis dans un rêve [ou : dans mon sommeil].


J'aime quand il y a de quoi boire,
J'aime quand il y a de quoi manger,

Je suis plein de mon propre jus,
N'as-tu pas envie de me manger ?

Je suis tombé au sol, ramassez-moi,

Je commence déjà à pourrir,
Je donnerai la mort à qui veut la mort.
Je donnerai la vie à qui veut vivre.




Gare Léningrad à Moscou dans les années 1970
(Photographie par l'agence de presse d'Etat Itar-Tass, voir l'évolution de la gare ICI.)


Мне не нравится город Москва


Мне не нpавится гоpод Москва,
Мне нpавится Ленингpад.

Мы - pано созpевшие фpyкты,
А значит нас pаньше съедят.

Я люблю, когда есть чего пить,
Я люблю, когда есть чего есть,
Я налит своим собственным соком,
Hе хочешь ли ты меня съесть?

Я доволен, если мне хоpошо,
И я зол, если плохо мне.
Я блюю, если я пеpепью,
Я лет десять живy во сне.

Я люблю, когда есть чего пить,
Я люблю, когда есть чего есть,
Я налит своим собственным соком,
Hе хочешь ли ты меня съесть?

Я yпал, подбиpайте меня,
Я yже начинаю гнить,
Я дам смеpть тем, кто хочет смеpть.
Я дам жизнь тем, кто хочет жить.


jeudi 20 octobre 2016

Le train électrique (Электричка)


Chaque matin non chômé, le Russien ordinaire de banlieue doit, afin de se rendre à son lieu de travail, prendre le train électrique jusqu'à la ville ("élektritchka") pendant parfois une heure ou deux, suivi d'une virée en métro ou en bus parmi les embouteillages ; les touristes se plaignant de l'affluence du métropolitain moscovite doivent se souvenir qu'on s'y sent très à l'aise, si l'on compare l'expérience à celle de l'élektritchka hivernale de six heures du matin, bondée à ras-bord de travailleurs en manteau-doudoune. Il arrive souvent de devoir attendre le suivant sur le quai lorsque le tambour ne peut plus accueillir le moindre centimètre. Et parfois encore le suivant. On a souvent un peu froid après trente minutes de neige et de nuit ; mais on ne regrette pas toujours le froid en rejoignant la fournaise humide du wagon.



Après ce voyage, le Russien ordinaire passera la journée à vendre des fleurs, des raviolis de Russie (pielménis) ou de l'électroménager (liste non-exhaustive et exténuante) aux gens plus aisés des centres-villes. Le travailleur y sera confronté à des clients souvent plus grossiers que lui, et devra travailler selon les règles dites libérales d'un étranger ou d'un moudak de nouveau riche, le tout pour un salaire soigneusement calculé afin d'éviter au chanceux la peine de déménager plus près d'un lieu de travail de toute façon probablement temporaire. C'est la vie et le destin est inflexible.

A l'heure de la débauche, retour dans le métro, puis dans une élektritchka aussi accueillante que le matin. En arrivant à la maison, il fait nuit. Il est l'heure de manger, puis de dormir : ce n'est pas demain la fête de la Victoire de la Grande guerre patriotique.

Le visiteur ne manquera pas de s'étonner de la mauvaise humeur ambiante. Pourquoi les gens font-ils la gueule, alors que l'eau et le gaz ne coûtent pas cher (quand ils ne sont pas coupés pour la semaine) ?

En peu de mots, Kino nous offre un morceau délicatement malsain qui ne risque guère de se démoder avant un bon moment.

[Ecouter la chanson : ICI.]


Le train électrique

Hier, je me suis couché trop tard, aujourd'hui je me suis levé tôt,
Hier, je me suis couché trop tard, je n'ai presque pas dormi.
Ce matin, j'aurais probablement dû aller chez le médecin, (1)
Mais maintenant, le train électrique me transporte là où je ne veux pas.

Le train électrique me transporte là où je ne veux pas.
Le train électrique me transporte là où je ne veux pas.

Il fait froid dans le tambour, et en même temps il fait bon en quelque sorte, (2)
Le tambour est enfumé, et en même temps il fait frais en quelque sorte.
Pourquoi je me tais, pourquoi je ne crie pas ? Je garde le silence. (3)
Le train électrique me transporte là où je ne veux pas.

Le train électrique me transporte là où je ne veux pas.
Le train électrique me transporte là où je ne veux pas.


(1) Le lecteur malin aura deviné qu'il n'y a pas besoin d'être sérieusement malade pour profiter d'un agréable petit congé maladie (non-payé, bien entendu).

(2) Le "tambour" désigne l'espace compris entre la porte extérieure du train et la porte intérieure du wagon. Je ne suis pas certain que la traduction est la bonne en français, mais tant qu'on se comprend, tout va bien. C'est dans le tambour qu'on voyage quand on n'a pas la chance d'habiter assez loin de la ville pour profiter à temps d'une place assise. Les gens y fumaient probablement avant l'interdiction et il n'y fait pas plus chaud que la chaleur d'une masse humaine.

(3) Tu ne cries pas, parce que ta cage thoracique est un peu trop à l'étroit, pressée par les dos de trois compagnons de voyage. Et aussi parce que crier ne changera probablement rien.


Электричка

Я вчера слишком поздно лег, сегодня рано встал,

Я вчера слишком поздно лег, я почти не спал.
Мне, наверно, с утра нужно было пойти к врачу,
А теперь электричка везет меня туда, куда я не хочу.


Электричка везет меня туда, куда я не хочу.
Электричка везет меня туда, куда я не хочу.


В тамбуре холодно, и в то же время как-то тепло,
В тамбуре накурено, и в то же время как-то свежо.
Почему я молчу, почему не кричу? Молчу.
Электричка везет меня туда, куда я не хочу.

Электричка везет меня туда, куда я не хочу.
Электричка везет меня туда, куда я не хочу.

mercredi 19 octobre 2016

Groupe sanguin (Группа крови)

C'est sur cette chanson, une parmi les plus célèbres du groupe Kino (avec L'étoile nommée Soleil), que se conclut le film l'Aiguille (Игла), dans lequel joue Victor Tsoy et auquel je consacrerai un article spécial. 

Groupe sanguin
a été jouée pour la première fois en public le 3 juin 1987 au cours du 5e festival du "Rock-club de Léningrad" (Ленинградский рок-клуб), sorte de maison de la culture et d'Union des compositeurs, avec une salle de concert de 200 places, située durant les années 80 au 13 rue Rubinstein et seul endroit où il était légal de jouer de la musique rock (sous le prudent patronage du KGB). Un Soviet de musiciens élus était à sa tête et le club avait ses règles et ses statuts. Les plus grands du rock russe y ont joué : Aquarium, Alisa, AVIA, DDT...  L'URSS a entraîné dans sa chute, en plus de toute décence, dans le gouffre bestial des années 90, ce lieu au fonctionnement particulier pour laisser place à des lieux de culture à l'occidentale (discothèques, clubs de strip-tease et autres étaux à viande). Comme disait Diogène : "c'était pas mieux avant, mais c'est pas mieux maintenant, et il n'y a pas plus d'écho dans un tonneau que sous le ciel de l'agora" (en grec : kata kata kata, etc.).

Groupe sanguin occupe la première place du hit-parade des 100 meilleurs chansons du rock russe (sondage des auditeurs de "Nashe radio"). Elle fait partie de la liste de lecture de la radio Vladivostok FM dans le jeu Grand Theft Auto IV, ce qui permet d'écraser virtuellement des gens sur fond de poésie. Sur les forums russiens, les gens essaient plus ou moins activement de décrypter le sens de cette chanson.

Et toi, ça t'évoque quelque chose ? Je serais ravi de partager tes sentiments, s'il t'en reste.


[Ecouter la chanson : ICI.]


Groupe sanguin


Il fait bon ici, mais les rues attendent
Les empreintes de nos pieds
[Il y a] De la poussière d'étoile sur nos bottes
Un fauteuil moelleux, un plaid quadrillé
Une détente trop tard pressée
Un jour ensoleillé sur des rêves aveuglants (1)

Mon groupe sanguin sur la manche (2)
Mon numéro d'ordre sur ma manche
Souhaite-moi bon courage dans la bataille, souhaite-moi
De ne pas rester au ras du sol (3)
De ne pas rester au ras du sol
Souhaite-moi bon courage, souhaite-moi bon courage !

J'ai de quoi payer, mais je n'ai pas envie
D'une victoire à n'importe quel prix
Je ne veux piétiner la poitrine de personne
Je voudrais rester avec toi
Simplement rester avec toi
Mais une étoile loin dans le ciel
M'appelle à suivre la voie [à me mettre en route]

Mon groupe sanguin sur la manche
Mon numéro d'ordre sur ma manche
Souhaite-moi bon courage dans la bataille, souhaite-moi
De ne pas rester au ras du sol
De ne pas rester au ras du sol
Souhaite-moi bon courage, souhaite-moi bon courage !


(1) Le mot russe ne désigne que les rêves nocturnes.
(2) Les soldats n'arboraient pas leur groupe sanguin à l'époque de l'écriture de cette chanson, semble-t-il ; et les manches ne sont toujours pas un lieu choisi pour afficher les informations : on égare facilement ses membres à la guerre.
(3) "De ne pas rester dans cette herbe" : je tire ici le sens selon la lecture que je fais de ce texte. 



Scène de fin du film l'Aiguille. Une ombre dont les pas s'éloignent dans la neigeEnigmatique, hein ?


Группа крови

Тёплое место, но улицы ждут
Отпечатков наших ног.
Звёздная пыль - на сапогах.
Мягкое кресло, клетчатый плед,
Не нажатый вовремя курок.
Солнечный день - в ослепительных снах.

Группа крови - на рукаве,
Мой порядковый номер - на рукаве,
Пожелай мне удачи в бою, пожелай мне:
Не остаться в этой траве,
Не остаться в этой траве.
Пожелай мне удачи, пожелай мне удачи!

И есть чем платить, но я не хочу
Победы любой ценой.
Я никому не хочу ставить ногу на грудь.
Я хотел бы остаться с тобой,
Просто остаться с тобой,
Но высокая в небе звезда зовёт меня в путь.

Группа крови - на рукаве,
Мой порядковый номер - на рукаве,
Пожелай мне удачи в бою, пожелай мне:
Не остаться в этой траве,
Не остаться в этой траве.
Пожелай мне удачи, пожелай мне удачи!